Harcèlement scolaire: que se passe-t-il une fois les questionnaires des élèves rendus?

Des millions d'élèves du CE2 au lycée ont répondu, ce jeudi 9 novembre, à un questionnaire anonyme sur le harcèlement scolaire. Ce procédé intégré à une campagne de prévention doit permettre aux établissements d'identifier des situations problématiques dans les classes. Mais que se passe-t-il lorsque des réponses anonymes révèlent des situations de harcèlement?

"Lorsqu'une équipe pédagogique voit dans une classe des questionnaires inquiétants, qu'ils sont caractéristiques (de harcèlement), il y aura une prochaine étape avec des questionnaires qui ne seront plus anonymes, pour savoir quel élève est victime", suggère Nadia Alram, du syndicat enseignant SE-UNSA.

De son côté, le ministère de l'Éducation a apporté une réponse différente dans un document adressée au personnel éducatif. "L'exploitation des réponses des élèves permet d’évaluer et d’objectiver l’existence d’un phénomène de harcèlement" avant de faire l'objet d'une "restitution" à l'attention des élèves et de leurs parents.

"Il ne s’agit pas de donner le détail des réponses obtenues, mais de faire apparaître des grandes tendances révélées par ces questionnaires", nuance l'Éducation nationale.

Auprès du Parisien, Carole Zerbib, proviseure et membre du SNPDEN souligne qu'il est demandé aux enseignants "d'animer une séance de réflexion autour du harcèlement" grâce aux résultats. "Mais beaucoup de professeurs ne sont pas formés pour ça et ça ne s’improvise pas", regrette-t-elle.

"Le signalement pas une option mais une obligation"

Sans avoir besoin de lever le voile de l'anonymat, il est certainement possible pour le personnel éducatif de trouver l'élève harcelé, comme l'explique Justine Atlan, la directrice générale de l'Association e-Enfance.

"Les membres de la communauté éducative, particulièrement les professeurs principaux et les CPE, doivent pouvoir identifier facilement l'élève harcelé, surtout en croisant les regards sur une classe", explique-t-elle.

La spécialiste souligne la nécessité pour "toute situation (de harcèlement) émergente" de créer un dossier de suivi de la situation. De son côté, l'Éducation nationale prône le signalement systématique.

"Le signalement n'est pas une option, c'est une obligation: le doute doit profiter à l'enfant. Il n'appartient pas au personnel de l'Éducation nationale d'établir la véracité des faits. Le moindre doute sur la sécurité d'un enfant doit conduire à engager des démarches de protection", explique une note à destination du corps pédagogique.

Un système à perfectionner

C'est la première fois qu'un questionnaire de ce type est déployé à cette échelle. Justine Atlan, qui assure qu'on ne "peut pas critiquer l'initiative" mais qui concède qu'il s'agit encore d'une "expérimentation perfectible".

Ainsi, pour parfaire l'efficacité de ce questionnaire, il pourrait être intéressant de le répéter à plusieurs moments de l'année. Le retour des vacances de la Toussaint marque le début des hostilités, mais les situations peuvent apparaître au cours de l'année scolaire.

Comment les questionnaires contre le harcèlement scolaire vont-ils fonctionner?

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Autre point d'amélioration identifié: les questions, tantôt trop abstraites, tantôt trop longues, voire trop nombreuses. Des défauts qui pourraient nuire à l'objectif même du dispositif, comme l'explique Éric Fouzari, président de la PEEP des Alpes-Maritimes:

"Le traitement de ces questionnaires va prendre énormément de temps et on va se retrouver encore avec quelque chose qui va être repoussé (...) alors qu'on veut accélérer les choses".