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Société

"Le combat de ma vie": après le suicide de Lucas, victime de harcèlement scolaire, sa mère se confie

La mère de Lucas (au centre) participe à une marche blanche à Epinal (Vosges), le 5 février 2023

La mère de Lucas (au centre) participe à une marche blanche à Epinal (Vosges), le 5 février 2023 - Jean-Christophe Verhaegen © 2019 AFP

Le collégien de 13 ans a mis fin à ses jours en janvier dernier. Il subissait depuis plusieurs mois du harcèlement scolaire, notamment en raison de son homosexualité. Des faits qui avaient été signalés à l'établissement.

Une mère qui veut changer les choses. Collier en cœur marqué de l'empreinte digitale de son fils autour du cou, Séverine s'exprime à la télévision pour la première fois depuis la mort de Lucas, 13 ans, en janvier dernier. "C'est le combat de ma vie", confie-t-elle, expliquant avoir créé une association "contre le harcèlement de la plus tendre enfance jusqu'à la fin de la vie".

"Je n'ai pas réussi à le sauver", dit-elle avec émotion auprès d'Envoyé spécial sur France 2, "mais je peux aider beaucoup de monde car j'ai appris énormément en neuf mois".

"Le drame que j'ai vécu c'est mon pilier, c'est ma force, c'est ce qui m'aide à tenir", affirme-t-elle.

Harcèlement homophobe

Lucas a été retrouvé pendu le 7 janvier 2023 au domicile de sa famille à Golbey, dans les Vosges. Le jeune collégien était victime depuis plusieurs mois de harcèlement scolaire en raison de son homosexualité, "chose acceptée totalement du côté familial et amical", précise sa mère.

"Lucas mettait des pantalons moulants, des converses montantes avec un petit liseré rose mais voilà... C'est pas pour les garçons", déplore-t-elle. "Je ne m'attendais pas à autant de méchanceté et d'incompréhension".

"J'ai toujours des questions sans réponse: j'ai toujours les 'pourquoi? Pourquoi lui? Qu'est-ce qu'il s'est passé dans sa tête?'", s'interroge la mère de famille.

"Rien n'a été fait" par la direction du collège

Séverine explique qu'elle voyait que Lucas n'était pas bien en rentrant du collège et qu'elle discutait avec lui. "Une personne harcelée cache énormément son mal-être: il dit que tout va bien, il avait le sourire, il était joyeux, il croquait la vie à pleines dents et avait des projets plein la tête", raconte-t-elle.

"Je pense qu'il voulait me rassurer, il voulait protéger sa maman", ajoute-t-elle.

Le harcèlement subi par Lucas avait été signalé. "Le professeur principal a envoyé un message à tous les professeurs de Lucas en disant qu'il fallait être vigilant car il était victime de harcèlement pour son homosexualité". "Mais au niveau de la direction rien n'a été fait: les élèves mis en cause ont été convoqués une seule fois chez la CPE, sans aucune sanction", assure Séverine.

La mère de Lucas n'a pas porté plainte mais le procureur a toutefois lancé une enquête sur les circonstances autour de la mort du jeune garçon. Les quatre adolescents mis en cause ont été reconnus coupables de harcèlement en juin, sans qu'un lien de causalité soit établi avec le suicide.

Salomé Robles