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Société

"Un cauchemar": la mère de Lindsay dénonce le "cyberharcèlement" qui se poursuit 9 mois après le suicide de sa fille

La mère de Lindsay, Betty Gervois, lors de la manifestation à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, en hommage à sa fille, une collégienne harcelée suicidée en mai 2023

La mère de Lindsay, Betty Gervois, lors de la manifestation à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, en hommage à sa fille, une collégienne harcelée suicidée en mai 2023 - DENIS CHARLET

La fille de Betty Gervois, Lindsay, s'est suicidée en mai 2023 à l'âge de 13 ans après avoir subi du harcèlement scolaire. Elle dénonce les "comptes anonymes (qui) continuent à insulter" l'adolescente encore après sa mort.

Un calvaire qui semble ne jamais prendre fin. La mère de Lindsay, qui s'est suicidée en mai 2023 alors qu'elle était âgée de 13 ans, dénonce ce dimanche 4 février dans Le JDD le cyberharcèlement qui se poursuit, 9 mois après sa mort. Il vise notamment sa fille décédée, mais aussi son frère.

"Le cyberharcèlement qui a poussé ma fille Lindsay à se suicider ne s'est jamais arrêté", soupire-t-elle.

"Sur les réseaux sociaux, des comptes anonymes continuent à insulter Lindsay, à partager des photos d'elle accompagnées de messages indicibles", déplore sa mère à propos de la jeune collégienne.

"Certains écrivent que son frère est plus heureux sans elle, d'autres qu'elle ne manque à personne", dénonce encore Betty Gervois. "Les messages immondes continuent à circuler", enrage-t-elle, même si elle précise aussi que le "pire compte de ces derniers jours" a été supprimé.

Plusieurs mois après la mort de Lindsay, sa meilleure amie Maïlys disait elle aussi être toujours victime de harcèlement.

"Écœurée et très en colère"

Face à ces messages de haine répétés, Betty Gervois reconnaît qu'elle "vit un véritable cauchemar" et que sa santé mentale en souffre.

"Je suis moralement épuisée", souffle-t-elle.

Elle se dit aujourd'hui à la fois "écœurée et très en colère" face à cette cruauté gratuite. Elle déplore notamment que "les auteurs de ces messages restent impunis".

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"J'ai de nouveau déposé plainte jeudi, mais je constate une impuissance qui finit par me désespérer", lâche-t-elle.

Un nouvel appel de Brigitte Macron

Si, peu après le suicide de Lindsay, Betty Gervois a été invitée par le ministre de l'Éducation nationale de l'époque Pap Ndiaye pour une entrevue, ainsi que par la première dame Brigitte Macron, elle déplore aujourd'hui l'absence de soutien des politiques, 9 mois après la disparition de sa fille.

"Quand j'ai arrêté de parler dans les médias, l'histoire n'a plus intéressé personne", résume-t-elle.

Elle précise qu'après des mois de tergiversation, elle s'est décidée à écrire à l'épouse du chef de l'État qui l'a "immédiatement appelée" en retour. "Gabriel Attal m'a dit qu'il suivait le dossier (...) et m'a précisé que 78 comptes avaient été supprimés ces dernières semaines", ajoute-t-elle.

L'impression d'être "abandonnée"

Malgré cela, Betty Gervois dit constater une "impuissance générale qui ne peut plus durer" sur la question du harcèlement scolaire.

"Des millions d'enfants sont en danger et personne n'a l'air de pouvoir rien faire", déplore-t-elle.

Sur son cas personnel, elle dit se sentir "complètement abandonnée", sans nouvelle de la justice pour un éventuel procès et sans nouvelle du poste d'"ambassadrice pour lutter contre le harcèlement" que lui avait proposé Brigitte Macron. Elle n'a toujours pas reçu non plus l'agrément pour pouvoir officiellement lancer son association "Les Ailes de Lindsay".

La mère de Lindsay veut porter plainte

Déterminée à ne pas baisser les bras, Betty Gervois annonce qu'elle va "lancer une triple action pénale, financière et médiatique" contre les réseaux sociaux et "avec des dizaines de milliers de Français".

Plus précisément, elle dit vouloir "porter plainte pour complicité de harcèlement et mise en danger de la vie d'autrui" et demander une "indemnisation de 50.000 euros par famille".

Pour cela, elle dit avoir décidé de lancer son combat avec un "appel" en direction de "toutes les familles qui subissent le harcèlement". "Qu'elles se joignent à nous, car c'est notre seule chance d'inverser la peur", soutient-elle.

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Juliette Desmonceaux