Lille: déjà de nombreux clients pour l'ouverture de la boutique éphémère Shein malgré les critiques

La pluie ne les a pas découragés. Déjà une heure que cette jeune femme attend de franchir les portes de la boutique éphémère Shein, ouverte depuis vendredi 20 jusqu'au 24 octobre.

"C'est assez excitant de savoir à quoi ça va ressembler, les activités qui seront proposées, s'il va y avoir beaucoup de choses par rapport à ce qu'il y a en ligne", assure-t-elle en agrippant son parapluie. L'engouement est largement partagé: la file d'attente est colossale.

La mode délocalisée critiquée

Toutes et tous ont le même argument: "c'est moins cher". La marque chinoise propose des vêtements au design à la pointe de la mode, du choix et des petits prix. La marque s'est imposée comme premier choix d'habillement ces dernières années.

Derrière ces prix ultra-attractifs, se cache une réalité bien plus sombre. Le géant chinois est soupçonné de polluer et de sous-payer ses salariés. Dans la soirée de ce jeudi, la devanture du magasin a été vandalisée.

Sur la Grand'Place ce vendredi, tous ne sont pas venus faire des affaires. Des créateurs et des chefs d'entreprises du textile local ont manifesté leur opposition à cette mode délocalisée.

Sur des panneaux, des opposants ont écrit des slogans comme : "Ne rien faire coûtera beaucoup plus cher" ou encore "Achetez malin, achetez humain. Quelqu'un, quelque part en paye le prix. #Stopshein".

"Quatre jours de trop"

"Malgré les initiatives citoyennes, les initiatives associatives, et tout ce qu'on a fait depuis au moins le Covid pour localiser toute une filière qui a été mal considérée, mal aimée et délocalisée massivement, et bien on marche sur la tête en voyant que Shein s'installe aujourd'hui pour quatre jours. C'est quatre jours de trop", estime Nadia Ouali, présidente de l'atelier Fou de coudre à Lille, au micro de BFM Lille.

Pour Madjouline Sbai, sociologue de l'environnement nordiste, installer un pop-up store du géant de l'ultra fast-fashion est comme une provocation.

"C'est lourd de sens parce qu'on a une longue histoire textile dans la région. Dans les années 80-90, on a commencé à sous-traiter dans d'autres pays la fabrication textile, néanmoins, il est resté un tissu économique autour de la mode et de l'habillement dynamique. Et depuis quelques années, il y a une vraie volonté de réinventer ce modèle, y compris en re-fabriquant dans la région. Finalement de voir se développer encore de nouvelles entreprises de l'ultra fast-fashion, ça pose question".

Elle a créé un appel à la mobilisation contre ce pop-up store. Pour l'instant, 500 personnes ont signé sa pétition.

La ville de Lille défavorable

Julien Pilette, élu lillois à l'économie circulaire a aussi tenu à incarner la désapprobation de la ville. "On se bat pour une économie sociale et solidaire, une économie locale, circulaire, vertueuse pour l'environnement et pour les humains. Ce n'est pas du tout ce modèle et donc on n'est vraiment pas aptes à cautionner ce genre de commerce", assure-t-il.

Sur X (anciennement Twitter), Arnaud Deslandes, premier adjoint à la mairie de Lille, regrette l'ouverture de la boutique éphémère. "Nous déplorons l’ouverture de ce magasin éphémère qui contrevient à tout ce que nous défendons en matière de commerce qu’on veut écologiquement responsable et socialement juste", écrit-il.

Malgré plusieurs recours, la ville n'a pas pu s'opposer à l'ouverture de la boutique éphémère. Elle fermera ses portes le 24 octobre.