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Européennes: le Parti animaliste, ce petit parti qui veut proposer un autre "modèle de société"

Hélène Thouy, tête de liste du parti animaliste aux élections européennes, lors d'un déplacement à Chaumont-sur-Tharonne (Loir-et-Cher) le 12 février 2022

Hélène Thouy, tête de liste du parti animaliste aux élections européennes, lors d'un déplacement à Chaumont-sur-Tharonne (Loir-et-Cher) le 12 février 2022 - JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Tête de liste du Parti animaliste aux élections européennes, Hélène Thouy estime que "la question animale à voix à tous les chapitres". La formation, qui avait créé la surprise lors du précédent scrutin, organise son second meeting de campagne à Grenoble ce samedi 27 avril.

Le Parti animaliste? On ne prendrait pas beaucoup de risques en disant que ce parti ne parle pas forcément à tous les Français. Tête de liste de sa formation pour les élections européennes de 2024, Hélène Thouy reconnaît elle-même un "gros déficit de notoriété", avant d'aborder un second meeting de campagne, à Grenoble, ce samedi 27 avril.

Pour autant, ce n'est pas un nouveau-né de la politique qui se présente au scrutin de juin prochain. Le Parti animaliste -créé en 2016 face à "l'indifférence" et le "mépris" des partis existants sur la question animale- était déjà là lors des européennes de 2019. Et il en avait surpris plus d'un pour sa première participation à cette élection.

Son score? 2,16%, soit près de 500.000 voix françaises. C'est presque aussi bien que la liste du Parti communiste français (2,49%). Un résultat encourageant, d'autant qu'il ne représentait pas "un feu de paille", mais plutôt "un phénomène de société plus profond", selon une note de la Fondation Jean Jaurès de juillet 2019. Cinq ans plus tard, les animalistes espèrent faire mieux. L'objectif: atteindre les 5%, seuil nécessaire à l'obtention de députés européens.

"On porte un modèle de société"

Pour y parvenir, le credo n'a pas changé. Il s'agit évidemment de défendre la cause animale, qui "a voix à tous les chapitres" selon Hélène Thouy. Interrogée par BFMTV.com, celle qui est également co-présidente du Parti animaliste insiste:

"Peut-être que certains veulent nous enfermer dans la question de la maltraitance animale, mais on porte un modèle de société."

Autrement dit, l'idée n'est pas seulement de "s'intéresser aux animaux", mais plus globalement de "défendre les intérêts humains". Exemple? "Sur la santé publique, on sait que les maladies cardiovasculaires ont un lien très important avec l'alimentation carnée. On propose justement de végétaliser l'alimentation", explique Hélène Thouy.

En ce sens, le mouvement défend la fin de l'élevage intensif, mais aussi une réorientation des subventions de la Politique agricole commune de l'UE pour aider les éleveurs à se tourner vers une agriculture plus verte. Le Parti animaliste plaide également pour "l'étiquetage obligatoire permettant d’informer en toute transparence le consommateur sur les coûts environnementaux, sociaux".

Autant de mesures qui doivent être traduites dans un programme officiel, pas encore disponible jusqu'ici.

Hélène Thouy, candidate à double casquette

Quand à la cheffe de file pour ces nouvelles élections, il n'y a pas eu de suspense. Qui de mieux qu'Hélène Thouy? Déjà tête de liste en 2019, elle s'était présentée à la présidentielle de 2022, sans réussir toutefois à réunir les 500 parrainages nécessaires.

Âgée de 40 ans, cette avocate au barreau de Bordeaux n'a pas attendu d'entrer dans l'arène politique pour plaider la cause animale. Elle le faisait déjà dans les tribunaux en représentant L214, association de défense des animaux.

Également à la tête d'un cabinet d'avocats en Gironde, Hélène Thouy doit jongler entre activité professionnelle et politique. "Ce n'est pas facile par rapport à d’autres têtes de liste qui ont beaucoup de temps pour la campagne", témoigne-t-elle, en se félicitant néanmoins de "garder un contact avec la réalité".

Quand on lui demande l'intérêt de voter pour sa liste, elle met en avant les conséquences du scrutin de 2019: "2,16%, c'est peu mais ça nous a permis de faire avancer les choses avec la loi de 2021 contre la maltraitance animale".

Ce texte, poussé par la majorité présidentielle, comprend l'interdiction progressive des animaux sauvages dans les cirques et delphinariums, la vente de chiots et chatons en animalerie prohibée et des peines durcies pour sévices ou abandon.

"Vote utile"

Sans le Parti animaliste, ce texte n'aurait pu aboutir, à entendre Hélène Thouy, qui juge que les autres mouvements politiques se sont aperçus que la cause animale était "bankable", après les élections européennes.

Pas question pour elle de faire d'alliances avec eux, même si cela a pu être le cas dans certaines municipalités pour obtenir des élus en 2020. Accusant ses adversaires d'agir sur la cause animale par intérêt électoral, Hélène Thouy promet:

"On va parler leur langage et leur faire perdre des voix sur le terrain politique."

Dans un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche datant du 6 avril, sa liste récolte 1% des intentions de vote, loin de l'objectif de 5%. La formation espère monter en puissance dans les prochaines semaines.

Après le meeting de Grenoble, deux autres raouts sont prévus: à Bordeaux le 18 mai, puis à Paris le 1er juin. Soit, au total quatre meetings (le premier s'est déroulé à Montpellier le 23 mars), contre un en 2019. Hélène Thouy affiche son optimisme:

"Nous avons fait 2,16%, alors que nous n'étions pas connus et avec des moyens plus faibles. On sent que le sujet monte, que les citoyens sont lassés des partis traditionnels. Il y a le fait de se dire: on va voter pour un parti qui a des valeurs, de la sincérité. Contrairement à ce qu’on dit, c’est le seul vote utile."

Baptiste Farge